Vient de paraître

Matiah  Eckhard

Lointains chants sacrés d’où je suis né

couverture-deux soleils

Matiah, jeune poète, compositeur et pianiste, a inscrit dans ses derniers carnets un cheminement singulier : avec une rare intensité, ses vers condensent le fruit de son expérience à la fois personnelle et universelle.

La parole révèle une découverte de chaque instant du monde alentour, une progression constante vers une conscience profonde : un regard qui se construit et qui pénètre l’univers, du microcosme au macrocosme, de la vibration subtile d’un atome jusqu’à l’étoile.

Les couleurs pures des peintures d’Angela Biancofiore, inspirées d’une composition musicale de Matiah – I see two suns – accompagnent une parole poétique  tissée de silence et de lumière qui nous conduit vers la liberté et la plénitude de l’esprit.

Extraits du livre

Aux éditions Euromedia, avril 2014 

52 pages, avec sept peintures d’Angela Biancofiore

Prix : 15 euros (12€ + 3€ frais de port)

Commande par mail : euromedia.revuenotos@gmail.com

Adresse postale : 4 , chemin du Rapatel 34980 Montferrier sur Lez France

 

Emission sur Sappho

Les Arpenteurs Poétiques – Sappho   Radio Pays de l'Hérault
A écouter ce lundi 23 décembre à 20h, rediffusion le dimanche 29 à 21h
avec Laurence Bourgeois et la voix de Angela Biancofiore | grec ancien et moderne
Sappho_1-1ee2c     Sappho  (6e siècle avant JC)

     Sappho, première femme poète sur l’ile de Lesbos, il y a 2500 ans…
     Plus de 12000 vers dont 650 fragments épars qui ont pu être
     récupérés et qui demeurent vivants, cris d’amour, de révolte,
     d’angoisse, jaillis pour la première fois d’une bouche grecque
     et cette bouche était celle d’une femme.
     Son nom, nous le connaissons, il fait écho aux amours
     féminines, à la femme exilée, à une fin tragique…
     Sappho, malmenée souvent à travers le prisme déformant de l’histoire
     Mais la femme poète , où est elle ? Qui est elle ? C’est elle que nous
     évoquons aujourd’hui à travers ses fragments poétiques

« j’écris mes vers avec de l’air   »    Ecouter

 

 

 

 

 

 

exposition Une autre Europe

Exposition des peintures d'Angela Biancofiore à Béziers, Maison de la vie associative

 vernissage le Mercredi 9 Mai 2012 à 18h30

dans le cadre de la Fête de l'Europe

participent à l'exposition 9 artistes européens :
Léa Brem's (Belgique), Günther K'' (Allemagne), Marie Panarello (France),
Angela Biancofiore (Italie), David Rycroft (Grande-Bretagne), Raquel Gyl (Espagne), Bogdan
Saczkowski (Pologne), Antoinette Danescu Dugas (Roumanie),
Louisa Stefania Djermoun (Islande)

Hall de la Maison de la Vie Associative – 15, rue du Général Margueritte à Béziers
Exposition du Lundi 7 au Samedi 19 Mai 2012

 

Thème de l'exposition: Per un 'altra EUROPA

 

EAU BIEN COMMUN

 

 

Les semences : pour une souveraineté alimentaire de l’Europe

 

L’Europe des suicidés : contre la dette odieuse

 

Écrit sur du Vent

par Claude Gandelman
 
J'ai tenté de l'inscrire, cette peinture, dans une tradition qui était la grande tradition romantique et, plus précisément, la grande tradition romantique allemande. Mais Angela va peut-être plus loin que les peintres allemands.
 Pour elle,  il s'agit aussi d'alphabet, de l'alphabet de l'élémental, de l'élémentaire. Pour les autres, il s'agissait peut-être bien de l'absence de tout alphabet, de ne plus rien dire, d'écrire le silence. Pour Angela, au contraire, le silence des éléments parle, est alphabet (ou ne serait-ce que lettre…). Dans  beaucoup de ses peintures, notamment dans celle intitulée Le Feu, on distingue des runes: le feu parle.
Angela s'inscrirait-elle dans une tradition plus large que celle de l'élémental romantique? Je pense à cette grande tradition cabbalistique, que ce soit la cabbale juive ou la cabbale chrétienne, pour laquelle le texte du grand livre de tous les livres, de la Bible, était dit avoir été écrit par Dieu en lettre de feu noir se détachant sur du feu blanc. La typographie de ces grands mystiques était une typographie du feu, une typographie de l'élémental. Et les lettres de cet élémental étaient les lettres de la Nature: feu, eau, terre, vent.
C'est ce problème de l'élémental, non tant comme silence que comme écriture qui est, bien évidemment, au centre de l'œuvre de notre artiste. Ce sont aussi les cabbalistes que je retrouve présents dans la peinture  intitulée Terre avec son labyrinthe qui me rappelle peut-être moins la signature des constructeurs de cathédrales que la signature de Dieu telle que la voyaient les cabbalistes.
On voit ici la représentation de la terre – du monde entier – dans ce diagramme cabbalistique du seizième siècle par Moses Cordovero, de Cracovie, dans son livre intitulé Pardes Rimmonim. On voit comme la «couronne», keter, cabbalistique, enfermant le «royaume» situé au centre constitue un nom de dieu qu'il est, naturellement, impossible de déchiffrer.
Car l'oeuvre d'Angela montre à la fois l'impossibilité de déchiffrer et celle, non mions grande, de ne pas écrire.
Écrire sur du vent…et justement parce que l'écrit ne doit pas être déchiffré. Et puis, pour Angela, on écrit toujours sur de l'écriture puisque l'élémental lui-même est écriture. C'est surtout l'élément air dont j'ai parlé, celui qui, peut-être, m'a le plus attiré dans l’œuvre d'Angela. On peut peindre la terre, le feu même, pourtant assez insaisissable, mais comment peindre justement cet invisible par excellence qu'est l'air!
Quelle gageure incroyable il y a à vouloir capter l'incaptable : «Wenn er luft malt…». Mais l'air, le vent le souffle, en hébreu, c'est le même mot «ruah» qui veut dire aussi l'Esprit. C'est peut-être parce qu'ils sentaient obscurément cette liaison que tous les grands peintres qui constituent cette «tradition de l'élémental» dans laquelle s'inscrit l' œuvre d’Angela peignent le vent.
 Et puis, cette fascination que les peintres ressentent pour l'air invisible, pour le vent qui est esprit (ce vent paraclet!), elle a aussi à voir avec le fait que le vent est présent dans le nom de dieu lui même.
 On connaît  ce fameux anagramme IHWH le tetragrammaton imprononçable! Il ne faudrait surtout pas dire Jéhovah, comme le fait la tradition chrétienne – car c'est justement faire de l'air, faire «sortir l'air», faire à dieu ce que lui nous a fait, c'est-à-dire a fait à notre ancêtre à tous, Adam, lorsqu'il insuffla en lui le pneuma, le tuah, la vie. On ne saurait prononcer «ho» et «ah». C'est pour cela, non pour autre chose, que le nom de Dieu est «indisable». C'est cet air-là, ce vent-là qui nous fascine et dont nous savons qu'il est justement interdit. La tradition chrétienne fait du nom de dieu, en prononçant ce nom, ce nom imprononçable, un être «pneumatique», et c'est a tort, c'est le premier acte d'idolâtrie. Mais la peinture du sublime élémental, la peinture des romantiques allemands, la peinture d'Angela, c'est, au contraire, présenter le pneuma à l'état pur, le présenter non comme ruah mais comme logos. YHWH dont voici la vision cabbalistique, écrit en feu noir sur du feu blanc:
ne se trouve pas parmi les runes d'Angela, et cependant, c'est cette écriture fondamentale, c'est-a-dire le monde comme «écriture de dieu», comme signature fixée sur du vent, que sa peinture évoque dans le moindre de ses aspects. Si, nous dit-elle, j'ai écris sur du vent, je fixe le non-fixable sur ma toile, c'est parce que je ne peux que parler de ce nom invisible, «imparlable» en termes de sa propre invisibilité et inintelligibilité. De fait, toute sa peinture nous dit ceci qu'il ne suffit peut-être pas de remonter à cette tradition du silence romantique, si proche de nous dans le temps, mais qu'il convient de retourner à une tradition pour laquelle -qu'on l'appelle préhistorique, runique, ou cabbalistique – le monde était, avant tout autre chose, ÉCRITURE. Les tableaux d'Angela sont de l’ÉCRITURE SUR DE L'ÉCRITURE. Nous l'avons dit: ils signifient l'impossibilité de déchiffrer mais aussi l'impossibilité de ne pas voir que tout est écriture, que tout est (déjà) écrit.
 
 
 
 
 

Locutio angelorum

par Yves Hersant

Texte de présentation de l’exposition Ecriture élémentaire, Galerie Otalia, Paris, 1990.

Il ne me semble pas indifférent qu'elle se nomme Biancofiore et se prénomme Angela. Car elle est d'abord une messagère: telle les créatures ailées qui, dans les Annonciations de la Renaissance, brandissent un lys immaculé en apportant la nouvelle d'une im­minente Incarnation, je l'imagine en ambassadrice d'un monde sacré, dont elle laisse en­trevoir les mystères sans jamais les divulguer. Angela, la bien nommée, est un peintre de l'entre-deux.

Entre l'intelligible et le sensible, voyez-la se mouvoir avec une aisance confondante: peu d'œuvres offertes à la vue sollicitent à ce point les autres sens — en particulier le tactile —, mais peu d'œuvres mettent en jeu des objets spirituels aussi abstraits, Dira-t-on de cette peinture, si puissamment matérielle, si voluptueusement attentive aux rugosi­tés ou au nappé des supports et des enduits, qu'elle est une vigoureuse incitation à rêver sur les substances? Ou bien, fasciné par toute une efflorescence de signes graciles — pointes de flèche, improbables hiéroglyphes, lignes brisées, fragments d'alphabets perdus – , admirera-t-on plutôt une recherche de la pensée pure? Vieux problème de la locutio angelorum, déjà nos aïeux se demandaient si, pour communiquer avec les hommes, les anges procèdent modo spirituali ou per signa sensibilia…. En d'autres termes, non moins scolastiques, la question était de savoir s'ils nous parlent intuitivement, en imprimant dans nos esprits les espèces intelligibles, ou s'ils déploient matériellement le langage or­ganique de la nature.

 

Par cette pédante allusion, je voudrais aussi suggérer (avant de prétendre le contrai­re) que cet art paradoxal recèle des trésors de culture. Issue du fond des âges, la peintu­re d’Angela semble s'être chargée chemin faisant de toutes les antiques sapiences. Pêle-mêle, elle ranime en nous le souvenir de traditions trop refoulées par une modernité conquérante: traditions juive et chrétienne, kabbalistique et hermétique; millénaires       spé­culations sur les quatre éléments dont le monde se compose, sémiotiques raffinées, quê­tes magico-scientifiques du rapport des mots aux choses. A contempler l'«Arciere», ou « La Caduta», ou «Labirinto», ne croit-on pas replonger, plus ou moins inconsciemment, dans de très anciennes herméneutiques? Si caractéristiques qu'elles puissent être de notre XXe siècle finissant, de telles œuvres portent la marque de l'épistémè de la Renaissance. On songe, par exemple, à Claude Duret: «Toutes les créatures sont des notes, marques, caractères de Dieu, plongé occultement dedans elles, comme est le sens dans l'Ecriture, manifeste dedans l'obscurité de ses chiffres». Ou à l'inventif Tritheim, grand amateur d'écritures cryptées qu'il appelait «stéganographies». Ou au célèbre Agrippa, dont la Philosophie occulte allie à des considérations sur les éléments — leurs liens, leurs propriétés, leurs possibles métamorphoses — une audacieuse réflexion sur les figures et les nombres. Ou encore, à Emanuele Tesauro, l'auteur du Cannocchiale aristotelico, qui dans les dessins de la nature, depuis les zigzags de la foudre jusqu'aux fissures de la terre, lisait les desseins d'un Etre suprême. Et remontant plus haut dans le passé, jusqu'aux mythiques hiéroglyphes dont les humanistes de la Renaissance tentaient de trouver l'équivalent, on songe à ces messages codés qui intriguaient tant Hérodote.

Pourtant, Angela reste une messagère sans message; et de toutes ces connaissances accumulées, de cette étrange familiarité du déjà là, elle nous invite aussi à nous déprendre. Paradoxalement, dans le temps même où elle appelle la plus érudite des lectures, son œuvre exige la naïveté du non-savoir et l'émerveillement de l'ignorance. Œuvre crépusculaire si l'on veut, mais où le crépuscule du soir rejoint celui du matin: par son je‑ne-sais-quoi d'auroral, elle est proche des dessins d'enfants. Comme si, à mesure qu'elle multiplie les signes du vieillissement et de l'usure (effrangement de la toile, mise à nu des trames, chiffonnement du papier), elle retrouvait d'autant mieux l'extrême fraîcheur de l'in-fans. De cette peinture si économe de ses moyens, on pourrait dire la même chose que de nos premiers gribouillis, tels que les décrit Martine Bacherich: «Tout paraît pouvoir y faire inscription, le temps, la mort, sa propre naissance, l'intérieur du corps propre et de celui de la mère, la haine, la séparation, un secret, une question, et, comme en priorité, tout ce que l'enfant ne sait pas».

Aussi vieille que le monde, la peinture d'Angela est d'une angélique jeunesse.